Olivier Long (1965)
Olivier Long enseigne les arts plastiques à l'Université Paris I-Sorbonne. Il est représenté par la galerie artfontainebleau depuis 2009 (plus précisément depuis notre toute première exposition collective). A l'époque, son art était déjà très coloré tout en restant complètement figuratif. Une douzaine d'années plus tard, on le découvre peintre abstrait.
Cette évolution, qui retrace en quelque sorte celle de la peinture en général, s'est faite par étapes. Voici comment Olivier Long la raconte lui-même :
"J'avais peint pendant plusieurs années des scènes réalistes, souvent urbaines qui avaient été mon environnement familier à Paris depuis mes études. Lorsque je suis venu habiter à Fontainebleau et pendant mes séjours estivaux en Corse, j'ai été frappé par la présence très forte de la forêt, de la nature, de la mer. Cette atmosphère m'environnait : les odeurs et les formes que je percevais, comment les dire en peinture ? Je me suis retrouvé bloqué, pour la dire, dans une figuration de formes trop précises. C'est la raison pour laquelle ma peinture est d'abord devenue floue (expositions Solaris et La Tonnara à la galerie artfontainebleau en 2014 et 2016, exposition Mare a mare à la galerie Gour et Beneforti, à Bastia en 2013).
Je me suis demandé au fil des années si le simple travail de la couleur et des formes n'était pas plus à même de rejoindre ces ambiances, ces odeurs et les processus mentaux que provoquent en nous les déambulations dans l'environnement naturel. Quand la forêt nous entoure, elle devient au fil des saisons un cycle de transformations qui vous accompagne et finit par vous parler, en dehors de toute représentation.
Ces promenades dans la couleur créent des chemins qu'on peut suivre comme on déambule dans les bois. A chaque fois, en bord de mer ou en forêt, la nature vous apporte quelque chose. La forme d'une racine, d'un rocher ou d'un galet fait saillance dans la lumière et offre un inépuisable réservoir de signes qui vous semblent adressés. C'est le dialogue avec ces petits événements, ces trouvailles minuscules qui résonne en moi, que je collecte pour constituer mon répertoire propre.
La peinture est dès lors une évocation plus qu'une description. De la même manière qu'une trace de bête en forêt ou que le remuement d'un sol vous permet d'imaginer et de sentir la présence d'une vie toute proche mais invisible, chaque petit événement que la nature vous adresse fait signe vers une vie secrète. Tout conspire, se répond et correspond pour qui sait bien regarder.
L'activité mentale du spectateur est requise pour retrouver une présence invisible dans le tableau comme dans le paysage. Mais cette activité de l'esprit n'est-elle pas celle des chasseurs-cueilleurs que nous sommes depuis la nuit des temps ? L'humain est un être d'imagination, de rêves et de fantasmes, et il y a fort à parier que ce paysage mental constitue son univers naturel. C'est ce même travail de l'imagination qui, face à une ruine, nous fait imaginer un château ou une vie très ancienne, mais sans qu'on puisse en deviner les contours précis.
Quand le spectateur perd toutes ses habitudes d'une lecture directe et immédiate de l’oeuvre, il peut avoir l'impression de perdre pied. Mais perdre pied, c'est aussi pouvoir avancer différemment dans l’oeuvre, en nageant par exemple ! Ce travail de l'observateur devant le tableau, ces parcours mentaux dans des univers végétaux ou océaniques peuvent faire toucher une expérience profonde du paysage.
Le tableau devient alors la somme des images mentales qui se construisent dans le dialogue des couleurs, des lignes et des rythmes. Et ces éléments plastiques fabriquent un paysage tissé d'images mentales dont chacun peut faire sa propre expérience."
Olivier Long : Illuminations
Exposition du 31 mars au 22 mai 2022